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Nettoyage des membranes d’osmose inverse

Les membranes d’osmose inverse ne peuvent PAS être rétro lavées comme dans la plupart des procédés (sable, ultrafiltration). Il y a 3 procédures de nettoyage:

 Rinçage post-service
– Nettoyage chimique standard : 1 à 4 fois par an (moyenne)
– Nettoyage chimique spécifique: Voir la table d’analyse des problèmes

Rinçage post-service

L’eau de mer circule de façon tangentielle le long de la membrane, créant un gradient de concentration en sels le long de la membrane, le dernier élément ayant la plus forte concentration en saumure.

Lorsque l’unité d’OI est à l’arrêt ou en stand-by, le phénomène d’osmose a lieu entre le côté du perméat et celui du concentrat contenant la saumure. Ceci peut endommager les espaceurs en créant un vide dans le flux de perméat, puisque l’eau, sous la pression osmotique, circulera naturellement vers le côté du concentrat.

Pour éviter cet endommagement naturel, l’eau de mer et la saumure sont rejetées des membranes après service par de l’eau de perméat pris du tank à perméat (avant chloration) et sont poussées dans les membranes par une pompe basse pression (pompe d’alimentation, pompe de distribution ou pompe spécifique).

Nettoyage chimique des membranes

L’eau de mer s’écoule de façon tangentielle le long de la membrane, créant un gradient de concentration horizontal sur la longueur de la membrane.

Les membranes doivent typiquement être nettoyées lorsque:

– Le flux normalisé de perméat varie de 10-15%
– La conductivité normalisée du perméat varie de 10-15%
– La perte de charge normalisée entre l’alimentation et le concentrat varie de 10- 15%

Les valeurs normalisées prennent en compte les variations de température et de salinité dans l’eau d’alimentation.

Afin de faciliter le nettoyage chronique, nos systèmes peuvent être équipés de stations de Nettoyage En Place (NEP), déjà connecté au rack de membranes:

La station NEP inclut une cuve de produits chimiques avec agitation manuelle ou mécanique, en fonction de la taille de l’unité, une pompe NEP et une filtration fine pour empêcher les débris d’entrer dans les membranes. La cuve de produits chimiques dépend du nombre de membranes à nettoyer en même temps..

Les solutions de nettoyage acides et basiques circulent en boucle à travers les membranes pendant au moins 30 minutes.

Nous déterminons les produits chimiques standard et les procédures suivant la taille et la configuration de l’unité de dessalement, et les conditions de précipitation:

Analyse des problèmes possibles d’un système d’OI:

Salinité du perméat Débit perméat Perte de charge Cause possible
Augmentation rapide Baisse rapide Augmentation rapide Précipitation d’oxydes métalliques
Forte augmentation Baisse progressive Augmentation progressive Entartrage minéral
Légère augmentation Baisse progressive Augmentation progressive Précipitation colloïdale
normale ou augmentation Baisse normale ou augmentation Silice polymérisée
Baisse Forte baisse Forte augmentation Précipitation biologique
Baisse Baisse normale ou augmentation Précipitation organique
Augmentation Augmentation Augmentation Endommagement au chlore
Augmentation Augmentation normale ou baisse Endommagement abrasif
Augmentation normale ou augmentation normale ou baisse Fuites O-ring aux interconnections ou adaptateurs
Augmentation normale ou augmentation normale ou baisse Fuites de glue à cause de la rétro-pression appliquée au perméat

 

Murielle RABILLER-BAUDRY

RESUME

Quels que soient les procédés à membranes, les matériaux membranaires et les fluides filtrés, un colmatage plus ou moins important se met en place de façon systématique au cours de la filtration. Limitation du flux, modification de la sélectivité des transferts à travers la membrane, problèmes sanitaires si le colmatage est d’origine organique, le nettoyage des équipements membranes reste encore un problème difficile à résoudre. Après quelques notions de base sur le nettoyage des membranes, cet article présente les objectifs à atteindre en termes d’efficacité, ainsi que les solutions à retenir. Pour terminer, sont pris comme exemple les membranes de l’industrie laitière.

INTRODUCTION

Quels que soient les procédés à membranes, les matériaux membranaires et les fluides filtrés, force est de constater qu’un colmatage plus ou moins important se met en place de façon systématique au cours de la filtration (tangentielle comme frontale). Outre la limitation du flux et la modification de la sélectivité des transferts à travers la membrane, le colmatage, lorsqu’il est d’origine organique, constitue un apport nutritif aux micro-organismes qui, s’ils ne sont pas éradiqués, sont alors libres de se développer dans les équipements, provoquant potentiellement des problèmes de sécurité sanitaire des productions suite à l’installation quasi irréversible d’un biofilm que l’on peut définir comme des micro-organismes enchâssés dans un « ciment » d’exopolysaccharides Nettoyage et décolmatage des membranes de filtration[1]. Ce constat général peut cependant être nuancé selon les applications.

Dans le domaine de la filtration d’eau, le fluide d’intérêt est le perméat. Celui-ci, ayant passé la barrière physique de la membrane, efficace pour la rétention des bactéries (microfiltration, MF) et éventuellement des virus (ultrafiltration de l’ordre de 30 kg · mol–1, UF), présente peu de risques de contamination, d’autant plus que la législation oblige à une désinfection complémentaire, les membranes n’étant pas agréées comme procédé de désinfection. La problématique de la production (UF, MF) est alors beaucoup plus axée sur la gestion des flux qui se traduit par une mise en œuvre originale faisant appel à des rétro filtrations régulières (inversion du flux qui circule alors du perméat vers le rétentat) avec une fréquence variable selon l’origine de l’eau à traiter. Ce dé-colmatage physique régulier, accompagné d’un faible taux de chlore, permet le maintien de flux de production acceptables et retarde la mise en œuvre du nettoyage chimique qui peut n’intervenir qu’une fois par semaine Nettoyage et décolmatage des membranes de filtration[2].

Les membranes spirales de nanofiltration (NF) et d’osmose inverse (OI) constituent un cas particulier dans ce paysage, car les matériaux membranaires, généralement en polyamide, sont rapidement dégradés par les désinfections en milieu oxydant : les produits de désinfection tels que le chlore hydrolysent de façon irréversible les liaisons covalentes de la matrice polymère et fragilisent la peau active. Ainsi, les membranes de NF sont peu désinfectées bien que régulièrement nettoyées Nettoyage et décolmatage des membranes de filtration[3] et vendues avec une teneur en chlore cumulatif maximale d’exposition.

Les membranes d’osmose inverse, sous forme spirales, qui sont utilisées pour le dessalement des eaux saumâtres ou de l’eau de mer, peuvent quant à elles n’être nettoyées qu’une à deux fois par an, mais sont le site de développement de biofilms très importants, visibles à l’œil nu Nettoyage et décolmatage des membranes de filtration

Les applications du domaine des industries agroalimentaires (IAA) sont diverses Nettoyage et décolmatage des membranes de filtration, mais environ 50 % d’entre elles intéressent l’industrie laitière à l’origine de l’implantation mondiale de ces procédés dans les IAA. Dans ce contexte, le fluide à valoriser est souvent un concentré qui constitue le rétentat et n’a donc pas passé la barrière physique de la membrane. La problématique est donc très différente de celle du traitement des eaux et la sécurité sanitaire des installations doit être irréprochable de part et d’autre de la membrane. Cela conduit en moyenne à deux nettoyages chimiques quotidiens, préliminaires indispensables à une désinfection efficace. Le coût de cette opération de nettoyage/désinfection est important en termes d’énergie (jusqu’à 30 % du temps de pompage) mais également de consommation d’eau (1 à 5 m3 d’eau par 100 m 2 de membrane et par opération), de produits détergents divers (la plupart du temps, il s’agit de nettoyage en place (NEP) avec des solutions à usage unique) et, bien sûr, de traitement ultérieur des effluents de volumes similaires à la consommation d’eau.

Pour conclure cette introduction, citons une enquête conjointe de l’ADEME et du Club Français des Membranes Nettoyage et décolmatage des membranes de filtration[6] qui souligne que le verrou scientifique et technique que constitue la maîtrise du colmatage et du nettoyage est ressenti par les industriels comme un frein au développement plus important de ces procédés, par ailleurs propres, sobres et sûrs. Le nettoyage est donc une étape incontournable pour la production durable par procédés à membranes.

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