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Le bromate dans l’eau potable

Recommandation pour la qualité de l’eau potable au Canada : document technique

Le Comité fédéral-provincial-territorial sur l’eau potable (CEP) a évalué l’information disponible sur le bromate dans le but de mettre à jour la recommandation pour la qualité de l’eau potable actuelle. La présente consultation vise à recueillir des commentaires sur la recommandation proposée, la démarche suivie pour l’élaborer et les coûts possibles de sa mise en oeuvre, ainsi que pour déterminer la disponibilité d’autres données sur l’exposition.
La recommandation actuelle, dont la dernière mise à jour remonte à 1998, fixe la concentration maximale acceptable (CMA) de bromate à 0,01 mg/L (10 μg/L) en fonction des tumeurs rénales chez les rats, compte tenu des limites des méthodes d’analyse et des techniques de traitement. Dans le présent document, les tumeurs mésothéliales constituent le critère d’effet critique sur lequel la recommandation est établie, compte tenu des études scientifiques les plus récentes et de la connaissance du mode d’action. Le document fournit des données et des renseignements à jour sur l’exposition au bromate au Canada, sur les méthodes d’analyse et les méthodes de traitement aux niveaux municipal et résidentiel. À la lumière de toutes ces informations, le CEP propose de réaffirmer la CMA de 0,01 mg/L (10 μg/L) pour le bromate dans l’eau potable.
Le CEP a demandé que le document soit rendu public aux fins de consultation. Les commentaires, avec justification pertinente le cas échéant, sont les bienvenus. On peut les faire parvenir par courriel au Secrétariat du CEP, à l’adresse water_eau@hc-sc.gc.ca. Sinon, on peut les envoyer par la poste au Secrétariat du CEP, Bureau de la qualité de l’eau et de l’air, Santé Canada, 3e étage, 269, avenue Laurier Ouest, localisateur d’adresse 4903D, Ottawa (Ontario) K1A 0K9. Les commentaires doivent être reçus avant le 5 février 2016.
Les commentaires reçus dans le cadre de la consultation seront transmis, avec le nom et l’affiliation de leurs auteurs, aux membres concernés du CEP. Les personnes qui ne veulent pas que leur nom et leur affiliation soient communiqués aux membres du CEP doivent fournir une déclaration à cet effet avec leurs commentaires.
Il est à noter que le présent document technique sur le bromate dans l’eau potable sera révisé après l’analyse des commentaires reçus et qu’une recommandation pour l’eau potable sera établie s’il y a lieu. Ce document devrait donc être considéré strictement comme une ébauche pour commentaires.

Partie I. Vue d’ensemble et application
1.0 Recommandation proposée
Une concentration maximale acceptable (CMA) de 0,01 mg/L (10 μg/L) est proposée pour le bromate dans l’eau potable, sur la base d’une moyenne courante annuelle par emplacement calculée à l’aide d’échantillons au moins trimestriels.
2.0 Sommaire
La présence de bromate dans l’eau potable découle habituellement du traitement de l’eau, plutôt que de la contamination de l’eau d’alimentation. Elle est principalement liée à la réaction entre l’ozone et le bromure naturellement présent dans l’eau d’alimentation, et à la formation du bromate pendant la production de solutions d’hypochlorite utilisées pour désinfecter l’eau.
Ce document technique passe en revue et évalue tous les risques connus pour la santé qui sont associés à la présence de bromate dans l’eau potable. Il tient compte des nouvelles études et approches, ainsi que des limites des méthodes d’analyse et des techniques de traitement. D’après cet examen, la recommandation proposée pour le bromate dans l’eau potable est une concentration maximale acceptable de 0,01 mg/L (10 μg/L).
À sa réunion de l’automne 2014, le Comité fédéral-provincial-territorial sur l’eau potable a examiné le document technique sur le bromate dans l’eau potable et en a autorisé la diffusion à des fins de consultation publique.
2.1 Effets sur la santé
Le bromate de potassium est classé comme cancérogène possible pour l’humain, d’après des preuves suffisantes de cancérogénicité chez des animaux de laboratoire, mais des preuves insuffisantes chez l’humain. Cependant, il est manifeste que la toxicité du bromate de potassium est associée à l’anion bromate et n’est pas tributaire du sel utilisé dans une étude toxicologique donnée.
Les études sur des animaux de laboratoire ont révélé des liens entre l’ingestion de bromate dans l’eau potable et divers types de tumeurs chez les rats et les souris, y compris les tumeurs du rein, de la thyroïde et du mésothéliome testiculaire. Des effets non cancérogènes sur la santé associés à l’exposition au bromate ont été également observés chez les rongeurs. Aucune étude ne rapportait d’effets sur la santé humaine résultant de l’exposition à long terme au bromate.
Les évaluations des risques de cancer et des risques autres que le cancer ont été prises en compte dans le calcul de la CMA proposée. L’évaluation du risque de cancer amène à proposer une CMA qui assure la protection de la santé humaine contre les effets cancérogènes et non cancérogènes.
2.2 Exposition
Les Canadiens sont surtout exposés au bromate en raison de sa présence dans l’eau potable. Le bromate a aussi été détecté dans l’eau embouteillée ozonée. Le bromate de sodium et le bromate de potassium sont utilisés dans la production de certains produits de consommation,notamment des cosmétiques. On trouverait peu de bromate dans l’air ou le sol.
2.3 Analyse et traitement
Lorsqu’on établit une recommandation concernant la présence d’un contaminant dans l’eau potable, on doit prendre en considération la capacité de le mesurer et de l’éliminer des approvisionnements d’eau potable. Il existe plusieurs méthodes pour analyser la présence du bromate dans l’eau potable. Vu les moyens des laboratoires commerciaux, on dispose de méthodes d’analyse permettant de mesurer avec fiabilité le bromate dans l’eau potable, à la CMA proposée.
Il est difficile de retirer le bromate de l’eau potable une fois qu’il s’est formé. Dans le cas du bromate produit en cours d’ozonation, il est recommandé de contrôler le procédé d’ozonation, car il n’est pas rentable d’éliminer le bromure dans l’eau d’alimentation. Dans le cas de la contamination par le bromate associée à l’emploi de solutions d’hypochlorite, la meilleure approche consiste à empêcher sa formation en privilégiant l’emploi de produits chimiques de traitement certifiés, y compris quand les solutions d’hypochlorite sont produites sur place, ainsi que les mesures appropriées de manutention et d’entreposage. La CMA proposée tient compte également des exigences de certification des produits chimiques de traitement de l’eau, et de la nécessité d’assurer la sécurité microbiologique de l’eau potable.
Au niveau résidentiel, on estime que les dispositifs utilisant l’osmose inverse, la distillation ou l’échange d’ion sont des moyens efficaces pour réduire les concentrations de bromate dans l’eau potable. Cependant, comme l’eau produite par les dispositifs utilisant l’osmose inverse et la distillation peut être corrosive pour les éléments de plomberie, on devrait installer ces dispositifs seulement au point d’utilisation (sur un seul robinet).
3.0 Application de la recommandation
Remarque : Des conseils spécifiques concernant l’application des recommandations pour l’eau potable devraient être obtenus auprès de l’autorité appropriée en matière d’eau potable dans le secteur de compétence concerné.
Il convient de limiter le plus possible l’exposition au bromate, qui est un cancérogène possible pour l’humain. Cependant, le bromate se forme dans l’eau potable par suite de divers procédés de traitement, et il ne peut en être efficacement éliminé une fois présent.
La recommandation pour une substance cancérogène est habituellement établie de sorte qu’une personne qui serait exposée toute sa vie à cette concentration dans l’eau potable aurait un risque accru de cancer « essentiellement négligeable ». Santé Canada situe l’accroissement « essentiellement négligeable » du risque de cancer par rapport au niveau de fond entre un nouveau cas de plus par 100 000 personnes et un nouveau cancer de plus par 1 million de personnes (c.-à-d. entre 10−5 et 10−6). Le risque à vie estimé découlant de l’ingestion d’eau contenant du bromate à la CMA proposée est légèrement supérieur à la plage de valeurs représentant un risque accru « essentiellement négligeable », puisque la CMA proposée est une valeur basée sur la gestion du risque afin de tenir compte de la faisabilité analytique.
L’approche visant à réduire l’exposition au bromate privilégie habituellement les pratiques exemplaires pour l’ozonation et l’emploi de solutions d’hypochlorite.
Dans les installations qui utilisent l’ozonation, des fluctuations de la qualité de l’eau exigent parfois d’ajuster les processus de traitement afin de minimiser la formation de bromate. Les services publics de l’eau devraient savoir comment leurs processus réagissent aux changements de qualité de l’eau, et ajuster en conséquence leurs objectifs de traitement afin d’optimiser leur processus et de minimiser la formation de bromate.
Dans les installations qui utilisent des solutions d’hypochlorite, on peut minimiser les concentrations de bromate dans l’eau potable en appliquant les pratiques exemplaires suivantes :
1. Utiliser des produits chimiques de traitement qui sont certifiés selon la norme 60 de la NSF International (NSF)/American National Standards Institute (ANSI).
2. Dans les systèmes de production sur place d’hypochlorite, utiliser un sel à faible teneur en bromure.
3. Observer les recommandations de manutention et d’entreposage décrites à l’annexe B.
4. Établir un programme de contrôle de la qualité pour vérifier la qualité du produit et gérer le stockage des solutions.
3.1 Surveillance
Il est recommandé que les installations qui utilisent de l’ozone ou des solutions d’hypochlorite procèdent au minimum à une surveillance trimestrielle de l’eau traitée provenant des sources d’eau de surface et d’eau souterraine afin de détecter la présence de bromate. Les échantillons devraient être prélevés après le traitement de l’eau dans l’usine de traitement ou le puits, et avant sa distribution. Dans les réseaux dotés de stations de rechloration qui utilisent des solutions d’hypochlorite, des échantillons trimestriels devraient aussi être prélevés à l’endroit où l’eau rechlorée entre dans le réseau de distribution. La valeur de la recommandation devrait être comparée avec la moyenne courante annuelle par emplacement des échantillons trimestriels, puisque les concentrations de bromate peuvent varier grandement avec le temps, notamment au cours des saisons, en raison de facteurs comme la concentration de matières organiques dans l’eau brute, la température ainsi que la manutention et le stockage des solutions d’hypochlorite. Bien que les mesures individuelles puissent dépasser la valeur recommandée, la situation ne devient préoccupante que si la moyenne courante des échantillons trimestriels par emplacement dépasse la valeur de la recommandation.
Dans le cas des installations qui emploient de l’ozone, les services publics d’eau devraient bien comprendre les sources et la concentration du bromure dans leur eau d’alimentation, ainsi que la variabilité saisonnière des paramètres de qualité de l’eau qui peuvent influer sur la formation de bromate (p. ex., pH, alcalinité, matières organiques, ammoniac). La surveillance trimestrielle du bromure dans l’eau brute est recommandée, de concert avec la surveillance du bromate dans l’eau traitée, mais on peut réduire la fréquence si la surveillance du bromate dans l’eau potable ne montre pas de concentrations élevées.

 

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